L’histoire du Dr Natasha Campbell-McBride et de son fils diagnostiqué autiste

04.04.2024

Natasha Campbell-McBride

Portrait de la Dr Campbell-McBride

Ce récit raconte l'expérience personnelle d'une mère, également médecin, avec son fils diagnostiqué autiste à trois ans. Après le diagnostic, elle et son mari ont exploré diverses informations et traitements pour l'autisme, notamment un programme ABA et un supplément appelé diméthylglycine. Le programme ABA a été particulièrement efficace, permettant à l'enfant de commencer à parler en phrases courtes après seulement trois mois. Inspirée par les besoins spécifiques de son fils, notamment ses problèmes digestifs, la mère a entrepris des études supplémentaires en nutrition et a modifié radicalement l'alimentation de son fils, intégrant un régime sans gluten et sans caséine et ajoutant des probiotiques puissants, ce qui a entraîné des améliorations notables dans son comportement et sa santé générale.


Elle a également développé sa propre formule probiotique, qui a aidé son fils et d'autres enfants avec des conditions similaires. Finalement, elle a écrit un livre, "Gut and Psychology Syndrome", pour partager son expérience et ses connaissances, espérant aider d'autres familles confrontées à l'autisme. Le livre décrit en détail le protocole nutritionnel qu'elle recommande pour traiter divers troubles neurologiques et digestifs. Le récit souligne l'importance de l'unité familiale et de la communication dans la gestion de l'autisme et exprime un message d'espoir : avec le bon soutien, chaque enfant autiste a une chance de guérir.



Ce récit fascinant a été écrit en février 2003, avant que Dr Natasha ait terminé d’écrire son premier livre Gut and Psychology Syndrome (traduit sous le titre : Le syndrome entéropsyhologique ou syndrome GAPS en 2011).

 

Mon fils a 10 ans. Il est dans le système scolaire traditionnel et il est bien intégré. Ses résultats sont dans la moyenne normale pour son âge, bien que les maths ne soient pas son fort. Il est quelquefois maladroit socialement, mais il a des amis, et en général, les autres enfants l’aiment bien. Parfois naïf et hyperactif, il peut aussi faire preuve d’une étonnante maturité. Il a d’excellentes compétences linguistiques, un vocabulaire étonnamment étendu, et il aime écrire des poèmes et des nouvelles. Il apprend à jouer du piano, il s’en sort vraiment bien et compose même sa propre musique. Personne ne peut soupçonner ce que cet enfant et ses parents ont vécu. Personne, en le voyant aujourd’hui, ne peut faire le lien entre cet enfant et l’autisme. Mais le portrait que je viens de faire concerne le moment présent. On m’a demandé de me souvenir du passé et d’expliquer comment nous en sommes arrivés là. Il est toujours douloureux pour une mère de se rappeler ces années de désespoir et de travail acharné avec un enfant autiste. Il est particulièrement douloureux de se rappeler toutes les erreurs qu’on a commises. Si seulement nous avions su alors ce que nous savons maintenant ! Si seulement nous avions fait ceci ou cela quand il était petit, il aurait sans doute évolué différemment. Cependant, je ne regrette pas une seconde d’avoir été entraînée par mon fils dans cette odyssée époustouflante et formatrice !

 

Quand il est né, j’étais médecin, diplômée en neurologie, et j’avais sept ans d’expérience dans ce domaine. Mais comme on dit, les médecins font les pires malades. Et quand il s’agit de votre propre enfant, vous n’êtes pas moins enclin au déni et à l’aveuglement que n’importe quel autre parent. En outre, comme tous les parents d’enfants autistes ne tardent pas à découvrir, les médecins savent très peu de choses sur l’autisme. On leur enseigne à diagnostiquer cette maladie, mais en matière de traitement, la médecine officielle n’a rien à offrir. De plus, les médecins conventionnels font tout ce qu’ils peuvent pour vous convaincre qu’il n’y a rien à faire et que toute autre opinion relève du charlatanisme. Mon métier de médecin ne m’a donc donné aucun avantage. Le diagnostic de notre fils est tombé à l’âge de trois ans. Après le choc initial et le chagrin qui s’ensuivit, mon mari et moi avons consulté toutes les informations que nous pouvions trouver sur l’autisme. À cette époque, il n’y en avait pas autant qu’aujourd’hui, mais finalement, une lueur d’espoir apparut.

 

Je me souviens que quelqu’un m’a donné le numéro de téléphone du Dr Rimland de Californie. Nous avons longuement parlé au téléphone avec lui et suite à cette conversation, un programme ABA a été mis en place pour notre fils, âgé de trois ans et demi. En même temps, il a commencé à prendre de la diméthylglycine (DMG). Cette conversation avec le Dr Rimland fut un rayon de soleil dans notre vie. Nous avions enfin trouvé un professionnel qui avait une connaissance approfondie de l’autisme et qui était prêt à nous aider. C’était aussi un parent qui n’avait pas accepté la position officielle sur l’autisme et qui avait consacré sa vie à faire évoluer cette position. Je suis certaine que des milliers de familles dans le monde entier lui sont reconnaissantes. Je souhaite ajouter ici ma famille à cette liste.

 

Dès le départ, le programme ABA fit de véritables miracles pour notre enfant. Je n’oublierai jamais notre première séance avec l’excellente conseillère ABA qui nous est venue par avion des États Unis. Après deux épuisantes journées de formation, elle nous dit qu’à l’issue de trois mois, elle s’attendait à ce que notre fils parle en phrases courtes. Nous et nos cinq thérapeutes pensions qu’elle rêvait, car notre garçon ne parlait pas, et nous n’étions pas du tout sûrs qu’il comprenait ce que nous disions. Mais à notre grande surprise, elle avait raison ! Nous avons soigneusement enregistré cette époque de la vie de notre fils sur cassette vidéo. En l’espace de trois mois, nous avons pu entretenir avec lui une conversation sensée.

 

À mesure que notre fils progressait avec le programme ABA, je consacrai mon temps à apprendre tout ce que je pouvais en matière de biologie, de biochimie et de nutrition, en lien avec l’autisme. Il ne faisait aucun doute pour moi que les caprices alimentaires extrêmes de mon fils, et par conséquent, son alimentation très limitée, étaient tout à fait liés à l’autisme. Je revins à l’université, où je préparai un Master ès sciences de nutrition humaine. J’étais particulièrement intéressée par l’étude des pathologies du système digestif et des moyens de les traiter par des moyens naturels. Cet intérêt était dû au fait que le système digestif de mon fils n’avait presque jamais fonctionné normalement. Dès que nous avions introduit des solides dans son alimentation, il était passé par une période de grave constipation, qui s’était finalement changée en diarrhée permanente. À nouveau, la médecine conventionnelle ne nous fut d’aucun secours. Mis à part des médicaments symptomatiques ayant de nombreux effets secondaires, elle ne put rien offrir à notre fils pour soigner ses troubles digestifs, son érythème fessier fongique et ses graves troubles de l’alimentation. En même temps, il me paraissait clair que son système immunitaire était affaibli du fait de sa mauvaise alimentation. Comme beaucoup d’enfants autistes, il souffrit aussi d’otites, d’infections respiratoires, d’impétigo et de muguet. Et bien sûr, mes collègues médecins ne pouvaient que me proposer des antibiotiques, toujours plus d’antibiotiques.

 

Sur la base de mes nouvelles connaissances, je modifiai radicalement l’alimentation de notre fils. La conseillère ABA nous aida à mettre en place un système permettant d’introduire de nouveaux aliments dans son alimentation. Sans ce système, il aurait été impossible de changer quoi que ce soit, il était si difficile à nourrir. Après avoir examiné les modes alimentaires qui marchent bien avec les enfants souffrant de troubles digestifs, tels que la rectocolite hémorragique, la maladie de Crohn et la malnutrition chronique, je compris qu’un simple régime supprimant le gluten et la caséine ne suffirait pas dans le cas de mon fils. Je travaillai alors à mettre en place une approche beaucoup plus précise et naturelle, qui éliminait aussi la caséine et le gluten. Le résultat fut extraordinaire, comme si quelqu’un avait ôté le brouillard toxique qui obscurcissait son cerveau. Il était beaucoup plus calme et plus en mesure d’apprendre. Son contact visuel s’améliora rapidement et la plupart de ses « crises » d’auto stimulation disparurent. En même temps, nous lui avons donné des probiotiques thérapeutiques puissants, car il n’y avait aucun doute sur le fait que son microbiote intestinal était anormal. Nous en avons testé plusieurs avant de trouver une formule qui marche. Elle était assez puissante pour guérir son système digestif, à tel point que nous pouvions nous permettre de tricher occasionnellement sur le régime sans avoir de problèmes. Et ce probiotique stimula tellement son système immunitaire que je ne me souviens pas de la dernière fois qu’il a attrapé un rhume.

 

À présent, il a une mine superbe, les joues roses, les yeux brillants, et il est plein d’énergie. Depuis lors, j’ai développé ma propre formule probiotique, qui marche très bien avec les enfants autistes et avec les personnes atteintes de troubles digestifs ou de troubles immunitaires. 

Il est impossible de surestimer le rôle de la famille dans le combat contre l’autisme. J’ai été témoin de cas vraiment tristes, quand un parent essayait d’aider l’enfant sans être soutenu par l’autre parent. Soigner un enfant autiste représente une énorme entreprise et les familles unies y réussissent en général mieux que les autres. Je voudrais dire que ce que nous avons réussi avec notre fils, mon mari et moi l’avons réussi ensemble. Sans le soutien constant de mon mari, sans son intelligence et ses compétences organisationnelles, je n’aurais pas pu faire la moitié de ce que j’ai fait pendant toutes ces années. Notre fils a beaucoup de chance d’avoir un excellent père, qu’il aime beaucoup.

 

Le succès du traitement de l’autisme vient en grande partie du fait que les parents de l’enfant autiste communiquent l’un avec l’autre. C’est de là que viennent notre force et le courage de continuer. Notre réussite est devenue un exemple pour de nombreuses familles, qui m’appelaient et désiraient essayer notre méthode. C’est comme cela que j’ai ouvert ma consultation pour enfants autistes. Ayant vu des centaines de familles venues des quatre coins du monde, je suis en constante admiration devant la force et la détermination dont elles font preuve pour essayer d’aider leurs enfants. J’ai beaucoup appris d’elles et de leurs expériences. Il y a quelques mois, à la fin d’une consultation, un de ces parents me regarda et me demanda d’une voix sévère : « Pourquoi n’avez vous pas encore écrit un livre ?! » Par la suite, d’autres parents me conseillèrent également d’écrire un livre sur l’autisme. J’y travaille en ce moment. J’ai le sentiment qu’il est de mon devoir de partager mon savoir et l’expérience clinique que j’ai accumulée depuis des années grâce à mon fils et grâce aux nombreuses familles d’enfants autistes que j’ai rencontrées.

 

J’espère également que mon expérience aidera les autres à éviter les erreurs que nous avons commises. Nous apprenons tous un jour ou l’autre de nos expériences, mais pour nos enfants, le temps est précieux. En débutant les traitements dès le plus jeune âge, nous leur donnons de meilleures chances de récupérer de l’autisme. Je crois fermement que tout enfant autiste, si on lui donne l’aide adéquate, a une chance de guérir. Et ne laissez personne vous dire que l’autisme est incurable !

 

Mise à jour de notre histoire, novembre 2005 : il est difficile de croire que deux ans et demi ont déjà passé depuis que notre histoire a été publiée, en 2003. Mon fils vient d’avoir 13 ans. Il est grand et beau et fait notre bonheur. Dans mon récit précédent, je mentionnais que j’écrivais un livre. Eh bien, ce livre est sorti l’année dernière et il a beaucoup de succès. Une troisième impression est parue le mois dernier. Il s’intitule GAPS And Psychology Syndrome. Natural treatment for autism, ADHD, ADD, dyslexia, dyspraxia, depression and schizophrenia (traduit sous le titre : Le syndrome entéropsyhologique ou syndrome GAPS en 2011). Ce livre décrit en détail la manière dont ces maladies apparaissent et comment les traiter avec un solide protocole nutritionnel. Il contient un chapitre de recettes conséquent destiné aux lecteurs qui désirent commencer le régime, et des chapitres sur les moyens de traiter les otites, la constipation, la toxicité, les caprices alimentaires et d’autres problèmes.

 

Mon fils a été très fier de contribuer à mon livre. Il a écrit un merveilleux poème, publié au début du livre. Nous ne lui avons pas encore parlé de ce qui lui était arrivé dans ses jeunes années, nous avons décidé d’attendre qu’il soit plus grand. On ne décèle plus aucune trace d’autisme en lui à présent et il mène une vie normale. Il travaille bien et joue au rugby dans l’équipe de son école. Son système digestif fonctionne comme une horloge à présent ;  mais nous continuons le régime, tel que je l’ai décrit dans mon livre. La bonne nouvelle est que mon fils peut maintenant manger de tout, de manière occasionnelle, sans avoir de problèmes. Cependant, toute la famille suit le régime GAPS, car il est très sain et peut prévenir beaucoup de soucis de santé (tels que le surpoids, les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète, les troubles immunitaires, l’ostéoporose et les allergies) pour chacun d’entre nous. Quand nous partons en vacances, nous mangeons ce que nous trouvons, mais quand nous revenons à la maison, nous reprenons notre régime parce qu’il est bon pour nous. Nos deux enfants ont acquis des connaissances étendues en nutrition et nous les entendons souvent expliquer à leurs amis ce qui est bon pour eux et ce qui ne l’est pas. J’espère que notre histoire apportera un encouragement aux familles d’enfants autistes.

 

Ne désespérez jamais de votre enfant, et votre enfant vous récompensera !